Chapeau enfoncé sur la tête, assis sur une chaise en plastique un peu gâtée par l’hivernage, plongé dans un livre saint en arabe, tel était le vieux sage lorsque je suis passé à La Terrasse. (C’est comme cela que s’appellera le bar que Nicolas va monter, en terrasse juste à côté du Japoo (pour le moment ils en sont aux travaux qui redonnent une allure à ce lieu prometteur).)
La nuit tombait et le vieux lisait à l’écart. Réussissant à l’approcher (car je cherche sa compagnie car il inspire le respect et peut-être il grandit celui qui l’écoute –et c’est lui qui m’apprend à pêcher mais j’ai beau l’écouter, le voir faire, je n’arrive pas à lancer), je ne sais pas comment nous en vînmes à évoquer l’Indépendance du Sénégal. (A la base il y avait de ma part une question détournée : tu avais quel âge au moment de l’Indépendance ?, et tout ça pour connaître son âge…)
« J’avais 11 ans. Et je m’en souviens bien. Mes parents se rendaient au meeting de Lamine Gueye. Pour les premières élections du Sénégal indépendant, deux candidats s’affrontaient : Senghor et Gueye. Chacun avait sa couleur : vert pour Senghor et rouge pour Gueye. Mais ce jour-là j’étais habillé en vert ! C’était la fête à Gueye et j’étais tout en vert ! Alors les milices de Gueye m’ont chargé ! J’étais habillé tout en vert. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. J’avais des armes pointées sur ma poire, j’entendais les mots « provocation », « scandale ». 11 ans. Toutes ces armes étaient dirigées contre moi. Je sentais que toute cette agitation était de ma faute. Mes parents n’avaient pas réfléchi, et moi je m’habillais avec ce qu’il y avait.
Et ce sont des femmes de Lamine Gueye qui m’ont sauvé. Elles ont dit : « C’est un enfant. » Je me suis faufilé entre les jambes des femmes sans demander mon reste ; et j’ai couru jusqu’ à notre maison. Je me suis jeté sur ma couche, tremblant de fièvre et en pleurs. A ma mère qui me questionnait : « Les gens là-bas, ils veulent me tuer ! » Ah oui, la période de l’Indépendance, je m’en souviens très bien. Très bien. »
La nuit tombait et le vieux lisait à l’écart. Réussissant à l’approcher (car je cherche sa compagnie car il inspire le respect et peut-être il grandit celui qui l’écoute –et c’est lui qui m’apprend à pêcher mais j’ai beau l’écouter, le voir faire, je n’arrive pas à lancer), je ne sais pas comment nous en vînmes à évoquer l’Indépendance du Sénégal. (A la base il y avait de ma part une question détournée : tu avais quel âge au moment de l’Indépendance ?, et tout ça pour connaître son âge…)
« J’avais 11 ans. Et je m’en souviens bien. Mes parents se rendaient au meeting de Lamine Gueye. Pour les premières élections du Sénégal indépendant, deux candidats s’affrontaient : Senghor et Gueye. Chacun avait sa couleur : vert pour Senghor et rouge pour Gueye. Mais ce jour-là j’étais habillé en vert ! C’était la fête à Gueye et j’étais tout en vert ! Alors les milices de Gueye m’ont chargé ! J’étais habillé tout en vert. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. J’avais des armes pointées sur ma poire, j’entendais les mots « provocation », « scandale ». 11 ans. Toutes ces armes étaient dirigées contre moi. Je sentais que toute cette agitation était de ma faute. Mes parents n’avaient pas réfléchi, et moi je m’habillais avec ce qu’il y avait.
Et ce sont des femmes de Lamine Gueye qui m’ont sauvé. Elles ont dit : « C’est un enfant. » Je me suis faufilé entre les jambes des femmes sans demander mon reste ; et j’ai couru jusqu’ à notre maison. Je me suis jeté sur ma couche, tremblant de fièvre et en pleurs. A ma mère qui me questionnait : « Les gens là-bas, ils veulent me tuer ! » Ah oui, la période de l’Indépendance, je m’en souviens très bien. Très bien. »
6 commentaires:
Nino vient de regarder les photos : commentaire sur la photo d'Amandine et Adama à la piscine : "elle est beau comme ça Amandine"
voilà c tout
Je ne dirai qu'une seule chose, c'est enfant est chou !
Mandine
Une histoire forte de vieux sage, de bien belles photos de Mandine-et-les-bouts-d'choux, de Mateo-et-les-Joconde, d'Adama-tout-en-jean... On est gâtés ! Continuez !
J'imagine bien aussi Adama en Chine... Mais il risque peut-être d'y faire froid-froid-froid !
Flattée de voir Monsieur Lapin au faîte de sa gloire, je savais que ça plairait à Mandine.
Les P'tites laines sont allées ce soir participer à une causerie sur les gens du voyage, au Pont Morineau, on a fait quelques musiques et contes, et puis Eric a raconté notre histoire du voyage des Roms, et puis Pouti a animé la causerie. Il y avait plein de gens très intéressants et ça a bien échangé. On joue aussi dimanche au Château d'Olonne, et puis jeudi prochain aux Spectaculaires (la dernière -ou presque- en attendant la suite). On fomente aussi dans nos têtes le spectacle africain et le voyage brésilien.
Pour finir, le proverbe wolof du jour (qui marche pas mal avec l'histoire du vieux sage) : "Bala nga xam, xamadi xaw laa rey."
(Ton ignorance risque de te coûter cher avant que tu ne le saches.)
On pense bien à vous.
Bises.
Maud
Merci Maud, et c'es vrai qu'on aurait pu venir pour la dernière aux Spectaculaires car comme l'avait pressenti Eric on est en vacances la semaine prochain... ! On ira à N'Dangan Adama nous a invités e je crois me souvenir qu'il sait bien recevoir chez lui! Gros bisous et n'oubliez pas vos p'tites laines contre le froid froid froid . (Ici c'est ventilo-lo-lo...)
Oui Matéo, je pense que le vieux sage fait grandir celui qui lui fait un brin de causette et fait grandir également celui qui lit cette incroyable histoire de l'indépendance du Sénégal sur Bakel and Co...
Un seul mot, chapeau !
Et vivement une p'tite Terrasse en février prochain.
Des bises aussi à Mandine et à tous ses Niakwés... Une bien belle portée, mais qui peut bien être le père ???
Pas Rachida en tout cas...
Une bien forte petite histoire...
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