vendredi 25 septembre 2009

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Une année à la campagne(Gallimard/Folio, 1994, 259 pages)
Sue Hubbell n'est pas écrivain, c'est juste quelqu'un qui aime parler de sa passion, et qui en parle bien. D'ailleurs, elle me fait penser à Helen Hanff, sans doute parce que c'est une femme de tempérament, sympathique, intelligente, et humble... Ex-citizen universitaire mariée et mère de famille, Sue se retrouve seule à la campagne, (Ozarks, Missouri?) à la tête d'une énorme exploitation de ruches. C'est une situation au départ très difficile à laquelle pourtant elle s'est adaptée avec bonheur, et qui lui a permis, en totale adéquation avec la nature, de trouver la sérénité. Elle est devenue la Dame des abeilles.
Il s'agit donc d'un recueil des petits évènements extraordinaires de son quotidien, assortis de questions et de réflexions personnelles. "Ils (les animaux) s'imaginent donc être propriétaires des lieux et leur certitude n'est démentie que par un bout de papier classé dans mes dossiers. (...) Lorsque je me mets à réfléchir à la question vue sous ce jour - à savoir que ceux qui habitent un endroit et s'en servent ont le droit d'en revendiquer la propriété, même illégalement - elle devient d'une extrême complexité."
Quand on ouvre ce livre, on reçoit en pleine face le souffle de la nature, mystérieuse et puissante, dans laquelle l'homme, cet animal à deux pattes, tient une place somme toute ni plus ni moins importante que tous les autres. Vivifiant, tonique et rafraîchissant, c'est simplement beau!
La préface, de J.M.C. Le Clézio, se termine comme ça : "J'ai souvent rêvé d'un livre complet, où il y aurait les oiseaux, les insectes volant dans la lumière du matin, les gouttes accrochées dans les toiles des araignées, le ciel changeant selon les saisons, l'odeur de la pluie et le bruit du vent, les cris des animaux, un livre où on sentirait la chaleur du soleil, le toucher léger des plantes, un livre où il y aurait les secrets visibles et invisibles du monde, et même des choses extraordinaires et rassurantes comme la recette de la tarte aux kakis (...) Un livre où la poésie serait comme une respiration, où le langage ferait sa musique familière. Il me semble que le livre de Sue Hubbell est ce livre-là." Note : 5/5(Lassy)
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C'est un livre magique, une petite merveille, un chef d'oeuvre à la notoriété très discrète et j'aurais pu ne jamais le lire...
A peine le livre refermé je sautais sur mon ordinateur pour voir et connaître tout de Sue Hubbell. Hélas, peu de choses d'elle sur le net, juste une photo prise probablement à l'époque du livre, au volant d'une camionnette, une héroïne plus très jeune mais lumineuse.
Sue Hubbell, partie vivre dans les monts Ozark avec son mari, se retrouve rapidement seule, mais certes pas démunie : quelle force de la nature cette femme, comme elle a sa place au coeur même de cette nature sauvage, indomptée, mystérieuse. Et pourtant chez elle tout est simple et limpide, y compris son écriture qui insidieusement, au détour des premiers mots, malgré sa sobriété, vous paraît la plus belle jamais lue. Je n'arrêtais pas de relever des petites phrases, des paragraphes qu'il m'aurait plû de reproduire ici, pour vous faire apprécier ce qu'elle dit et comment elle le dit, avec une humilité, un humour, une tendresse renversants. Mais je ne le ferai pas, car pourquoi déflorer le charme de cette biographie (qui par moments m'a fait penser à celle de Karen Blixen).
Il y est question de campagne, de paysages, du rôle et de la place au coeur de l'écosystème de toutes les créatures qui le peuplent, de fabrication des tartes, de charpenterie et de toiture, des saisons qui passent et loin de finir sur une glorification exaltée et pompeuse de la Nature, les derniers mots écrits sont aussi anodins et charmants que tout le reste.
J'aimerais avoir la mansuétude et la soif d'apprendre de Sue Hubbel, j'aimerais considérer les insectes et les reptiles avec cet émerveillement qui l'habite, au lieu de les chasser hors de ma maison avec férocité comme je le fais. A cette exception près, sans mérite aucun de ma part, je ne peux que partager le même amour qu'elle pour les oiseaux, les chiens, les chats... et son respect de la vie animale.
Mais il serait ridicule de chercher à établir de comparaison, Sue Hubbel a un courage, une volonté, une philosophie de vie exceptionnels. Sue Hubbell est une grande dame, la Dame aux abeilles.
A noter une très jolie préface de JMG Le Clézio.

lundi 21 septembre 2009

Nous résumerons ci-après les quelques jours écoulés : permettez-moi d’abord de vous dire à quel point je suis satisfait de la classe de CE1 que le Destin m’a octroyé : des petits marmots tout à fait sympathiques. Amandine est en train de finir la mise en place de la bibliothèque, pour permettre aux élèves d’emprunter et de « consulter sur place » selon la formule consacrée, et tout cela semble se goupiller agréablement. Nous sortons aujourd’hui d’un petit week-end de trois jours qui semblait programmé depuis plusieurs années dans le calendrier lunaire pour assurer aux travailleurs de l’extrême que nous tendons à être une rentrée en douceur. Avec tous les nuages dont le ciel était chargé la semaine dernière il était bien difficile aux musulmans qui font le Ramadan d’apercevoir la lune. Elle s’est montrée samedi soir cependant, comme indiqué sur le sous-main de la Société Générale. La confrérie Tidjane a célébré la korité dimanche et les Mourides aujourd’hui. Nous sommes allés manger chez Sambou, un pêcheur originaire de Thiès que nous avions rencontré en juin. Tout à l’heure il nous a vendu plusieurs kilos de crevettes. Ses enfants viennent d’être circoncis et c’est pour cela que samedi nous sommes allés les voir, en pensant qu’il voulait simplement nous les faire connaître mais c’était surtout pour qu’on les voit en tenue de circoncis, tout en blanc avec un bonnet d’âne et un bâton élimé à la main pour qu’ils puissent serrer la main au cours des quinze prochains jours. Korité est un peu le Noël des musulmans et nous avons apporté un ballon aux enfants, Pape Tierno et Mohammed, ce qui les a mis en joie et nous en retour. Nous avons mangé un très bon plat à base de vermicelle, d’oignons et de foie de zébu, très bon. En fin de journée, il y avait un match amical avec une sono.
Ce matin, nous étions tranquillement à l’école en train de découper des cartes pour un jeu numérique de début de CE1 quand Adama nous a appelés pour nous rendre visite. Il était en pleine forme après les trois semaines de vacances qu’il a eues bien raison de prendre. Je lui ai offert le carnet de voyage des P’tites Laines en Teranga et lui ai lu le texte de Maud dont il est le héros. Il était très très ému, c’était très fort. Il est rentré à N’Dangan après avoir acheté une grosse corde pour M’bathiou qui devient de plus en plus fort et qui a besoin d’une plus grosse corde pour rester attaché. Pour finir, je vous conseille ce livre, qui est l’un des plus beaux et des plus doux jamais lu :







dimanche 13 septembre 2009

Un 11 septembre

Bonjour !

Vendredi 11 septembre 2009 était peut-être un jour à prendre l’avion mais pas la voiture. Dans le train jeudi soir nous sommes restés coincés un peu avant le Mans pour un colis suspect en gare du Mans, « n’essayez pas d’ouvrir les portes » et les gens ont sortis les textos, les numéros préférés partout autour de nous, pour prévenir. Nous avons dormi à l’hôtel Ibis de l’aéroport d’Orly Sud, après avoir pris la navette Air France qui fait Montparnasse-Orly pour 23 € en grillant des feux rouges. La chambre d’hôtel avec les tours jumelles chez France 2 et M6.

Lever tôt. Apercevons, au loin, sagement garé, le Boeing Corsair Fly à étage, qui boit le pétrole nécessaire à son Paris-Dakar ; lui qui partira tout à l’heure avec un peu de retard pour une mallette suspecte au rez-de-chaussée.

Finalement sains et saufs, voici Dakar ! Le premier taxi rencontré nous promet l’embarquement immédiat pour M’Bour. Mais à peine avons-nous passé La Patte D’oie que c’est l’embouteillage. Le grand, l’immobile bouchon. Quelqu’un dit au chauffeur que c’est comme ça jusqu’à Rufisque... Le taximan nous lâche : il n’a pas envie d’y passer la journée. Il s’arrange avec une autre voiture pour qu’on prenne place avec lui. Une Renault 21 qui appartient à un gars qui fait travailler le chauffeur et aussi une autre voiture qui est en panne quelques mètres derrière. Nous n’avançons pas. Quand quelqu’un vient avec une corde, la corde est attachée à la Renault 21 pour tracter l’autre caisse. Bouchon infini. Moteurs coupés. Moteurs allumés, infusions de pots d’échappements noirs, gris, qui piquent les yeux. Camions. Voitures. Bouchon. Rien ne se passe.

Pendant 4h, nous avons fait du 1km / h, peut-être moins, et en tractant avec une corde la voiture du collègue. Niokoboke. On est ensemble. Du bon jus d’ananas.

Moteurs coupés, allumés, pots d’échappement, marcher à côté du bouchon pour respirer un peu et tu doubles des milliers de véhicules et tu reviens peu optimiste à la R 21. C’est le blocage sans fin. 13h, 14h, 15h, 16h, 17h, 18h, 19h.

A 19h, les choses se débloquent un peu. Nous roulons ! Parfois, une secousse nous rappelle l’automobile que nous tractons toujours, batteries à plat. Mais la nuit commence à tomber. Les passagers de la voiture tractée commencent à entrevoir que c’est un peu dangereux. Pas de phares (batteries).

La pluie commence à tomber. Il fait nuit. Et puis pas d’essuie-glaces pour la R21 ! Visibilité nulle. Et la voiture tractée doit être pire encore : ni phare, ni essuie-glace, et si elle chasse nous chasserons aussi. Danger assez important.

Arrivés à bon port, la passagère de la voiture tractée nous dira qu’elle n’a jamais eu aussi peur de toute sa vie. Et nous mîmes (n’est-ce pas) davantage de temps à faire les 80 km entre Dakar et Saly qu’à traverser la France, le Maroc et la Mauritanie…

Le Sénégal ce beau pays vert, et chaud, accueillant ; mais pour tout déplacement supérieur à 10 km désormais, ce sera peut-être Adama sinon rien ! Adama qui est l’heureux papa d’une petite Coumba depuis août.
Bonjour à tout le monde, on espère que vous allez bien ! Nous, ça va, et demain c’est la rentrée.