dimanche 28 juin 2009


Avec les petites gouttes de pluie, les quelques gros orages qui parsèment les jours ces jours-ci, les baobabs ont de jolies grappes de feuilles toutes vertes au bout des branches (dessin-photo non contractuel donc).

Cara N'Diaye, le fils d'Adama

Quand le ciel se couvre de gros nuages noirs...

dimanche 21 juin 2009

mercredi 17 juin 2009

Il a plu fort lundi. Depuis, plus rien.

Le retour en France qui approche et alors les dernières rencontres, les petites « aventures » de ces jours qui coulent ont la même dimension que les premières rencontres, les premières « aventures » de septembre. Comme si l’œil s’aiguisait davantage en sachant les choses éphémères, et s’endormait un peu dans le ronron des habitudes inévitables…
Oui ! c’est la grisante Afrique ! Et la vie quotidienne !
Mais peut-être c’est l’œil qui fait les choses furtives ou lourdes ? Je ne sais pas si le corps décide l’œil ou si l’inverse…
Mais voici quelques images avec la fin des épisodes de cette saison 1 (bientôt en DVD) :
Jeudi dernier, nous sommes allés dans une école en brousse avec quelques collègues. Quitté M’Bour à 35°, arrivée 15 km dans les terres, aux alentours de 48°… Aminata, la maîtresse des CM2, connaissait un instit de ce village. Nous avions à l’école beaucoup de livres pour enfants, des manuels, des documents pour la classe. Nous sommes allés les remettre à cette école. Accueil très généreux ; boissons fraîches, échanges de pratiques et de politesse. Le contraste avec nos classes bien ventilées et bien garnies est saisissant, une fois encore. Deux classes (celles des CI et des CE1) ne sont même pas en dure, ce sont des cases où, paraît-il, les serpent aiment bien venir roder… Les enfants, assis à quatre par tables, sont si sages, si motivés… Certains parcourent plusieurs kilomètres chaque matin pour aller à l’école, et ils restent sans manger jusqu’au soir, à moins qu’une famille du village ne leur offre du riz à midi. Les élèves ont classe la matin puis l’après-midi de 15h à 17h30. Chez les CM2, les élèves corrigent tranquillement leur dictée, en indiquant la nature et la fonction des mots soulignés, en l’absence du maître qui fait la visite avec nous. Il paraît que 40% du budget du Sénégal est consacré à l’éducation. C’est vrai que dans beaucoup d’endroits reculés il y a une école. La plupart des écoles n’ont aucun moyen ceci dit. Il y a des locaux, il y a des enseignants qui ont obtenu je crois, après des mois de grèves et de « débrayages », la prime qu’ils réclamaient (ils sont payés une misère) et il y a nous qui sommes repartis couverts de remerciements alors qu’on n’avait rien fait d’autre que vider une armoire et charger un carton dans le coffre du 4X4 d’Aminata…
Vendredi, discussion avec un pêcheur. Samedi, Pouponnière nous revoilà. Et oui avec Bakatadji, divers week-end à Dakar, et surtout cette école française gourmande en temps et en énergie (et en cancans !), on n’avait pas trop eu le temps d’y aller ces derniers temps. Toujours aussi attachants, et on devrait faire un goûter samedi prochain, en y conviant Véronique qui est une fille qui a créé une petit asso, "Keur Talibés". Elle a d’abord bossé pour l’asso "Les Gones de M’Bour", mais suite à des divergences de vues et autres choses sans rentrer dans le détail, elle a fondé "Keur Talibé". Dimanche, je suis allé visiter la Daara dont l’asso s’occupe à M’Bour Sérère. Petite Dara d’un marabout très sympa qui n’envoie pas les enfants mendier, chaque talibé est parrainé par une famille sénégalaise et par un européen ; un travail à petite échelle mais au moins c’est clair que ceux-ci bénéficient d’un vrai accompagnement, et c’était une chouette visite. Puis, dimanche, nous avons passé la journée avec les collègues, comme si on se voyait pas assez pendant la semaine mais c’était très sympa. Lundi, Adama a fait classe chez les CM1 ! Gros bisous !

mardi 9 juin 2009

dimanche 7 juin 2009

Bon anniversaire !

Un petit message pour souhaiter un très bon anniversaire à Olivier et Stéphane ! Et oui, une année de plus les cocos !
Hier, nous sommes montés à la capitale avec les collègues pour les fournitures de rentrée, on a bien rigolé, et Mathieu avait pour mission de trouver une raquette à moustiques et il a ramené une lampe violette pour bziter les insectes, on va essayer ça car la vie sans moustiques s'est tellement mieux !

Une photo de Toubacouta, sur la route pour Bakadaji, la seule que l'on a pu prendre... Un aperçu de ce que peut être la Casamance.

On pense très fort à vous tous, J-26

Mandine

mardi 2 juin 2009

Bakatadji et Sénégal on TV

De retour du village dont nous avons tous, de près ou de loin et jusqu’au dégoût parfois, entendu parler : Bagatadji ! Celui qu’on prononce aussi Bakatadji, en mandingue, est un village après la piste de Missira, au cœur de la réserve nationale du Saloum, à quelques 40 kilomètres de la Gambie, à peine. 6 ou 7 familles mandingues l’habitent, le village a une école –que Janine a contribuée à mettre en place–, un chef de village, une toute petite mosquée, une minuscule case de santé mise en place par une ONG des Pays-Bas et toujours fermée, et trois instituteurs. C’est un village sans électricité, baigné par l’eau du Sine ou du Saloum (je ne sais jamais). Et nous sommes arrivés samedi en fin d’après-midi.

Rencontre avec Adrien et Christophe, deux jeunes cinéastes qui réalisent un documentaire sur la perception, par les villageois de Bagatadji, des politiques environnementales décidées en d’autres (hauts ? déconnectés ?) lieux. Visites de courtoisie aux familles, premiers échanges de politesse en langue mandingue. Les villageois vivent principalement de la pêche et de l’agriculture ; des cultures vivrières que les phacochères dérangent souvent, et l’interdiction de clôturer les espaces de cultures y est pour beaucoup, semble-t-il. Partout des manguiers gorgées de fruits. Il suffit de tendre la main pour se régaler ! Sommes-nous tombés au paradis terrestre ?
Les pommes de cajou sont aussi très présentes. Comme l’indique leur nom, ce sont des pommes, mais accolée en-dessous il y a aussi une petite gangue, et c’est elle qui délivre la noix succulente… On fait griller la noix dans son écorce et on mange. Quant à l’odeur de la pomme, si elle ne sert pas à des parfums ou des savons, en tous cas elle nous a rappelé Tahiti Douche et Yves Rocher.

Dimanche matin, nous partons nous promener avec Youssoufa, un jeune garçon d’une douzaine d’années, qui est le fils de Mamadou, l’instituteur des CP. Youssoufa suit le collège à Toubacouta, il est très gentil et très mûr pour son âge. A marée basse (nous sommes dans la mangrove baignée des superbes palétuviers), nous observons des singes se prélasser sur la terre que la mer retirée a libérée. Quelques zébus, quelques ruches, des traces de phacochères et de hyènes. Au retour, nous disons à Janine, restée à fumer à côté de sa case, que quand même des ruches il y en a (l’apiculture est un projet auquel elle tient beaucoup). Janine peste qu’il n’y en ait davantage. Elle regrette aussi que son campement écotouristique ne soit toujours pas opérationnel. Que le four à pain qu’elle a mis en place ne fonctionne pas. Que la machine à coudre qu’elle a emmenée ne soit guère utilisée… Nous hasardons l’idée que peut-être les habitants n’ont pas envie de cela… Difficile mise en place des bonnes idées toubabs ! Mais si on laissait chaque peuple décider lui-même de ses projets, de ses envies, de son organisation ? Si on leur foutait la paix ?
C’est un peu le thème, pour ce qu’on en a aperçu, du film de Christophe et Adrien. Une trentaine de printemps derrière eux, quelques études en anthropologie dans la même Université, à Bordeaux, quelques rencontres décisives (dont celle avec Janine par hasard à Nouakchott) et une même passion pour le documentaire, ont fait naître une belle amitié et les ont conduits ici à Bakatadji, dont ils connaissent presque tous les recoins, de même que les subtilités de la langue mandingue ne leur échappent plus ! Depuis trois ans, ils travaillent plusieurs mois par an au village. Ils ont crée une association : http://porteagauche.free.fr/ . Atterris au Sénégal un peu par hasard, ils y ont maintenant un petit réseau qui leur permet de réaliser des films institutionnels (alimentaires) qui leur apportent l’argent nécessaire à la poursuite de leur film sur Bakatadji.
Le film s’appellera sans doute "Fanabana" (L'équivalent mandingue de notre "Aide-toi et le ciel t'aidera"). Il se centre sur la vie quotidienne des habitants du village (à travers le regard de quelques personnages principaux) et s’attache à développer la façon dont ils perçoivent les actions des ONG et autres administrations sénégalaises sur leur milieu de vie. Tous les projets de développement en cours sur la réserve de biosphère ont un joli volet intitulé : « Aide au développement des populations locales ». Mais le documentaire devrait montrer que les villageois retirent fort peu de bénéfice de ces projets, que l’aide se perd en intermédiaires, en conférences bidons, et que le sacro-saint « écotourisme » est souvent brandi comme la solution miracle à tous les « retards » de développement… Ce week-end de la Pentecôte, Mamadou, l’instituteur des CP, n’a pas pu être très présent avec nous car en tant qu’écoguide il était tenu de participer à un séminaire de deux jours au poste de surveillance de la réserve. Christophe et Adrien se sont levés aux aurores pour filmer un ou deux discours bienséants puis ils ont été gentiment remerciés. C’est qu’on commence apparemment à comprendre le propos de leur documentaire… Dimanche après-midi, nous sommes allés nous baigner. Je crois que je n’avais jamais vu un endroit aussi beau. Seule la peur de rencontrer un petit caïman m’a empêché de sombrer totalement dans la contemplation béate, dans le troisième mode de connaissance spinoziste ! Des palétuviers immenses entouraient le bras de fleuve où nous nous baignions, n’est-ce pas, et l’on se dit que si la Casamance c’est comme cela, partout, alors il n’y a qu’une chose à faire : aller là-bas !
Au retour, j’assiste à la préparation d’une séquence du documentaire sur le retour d’un villageois convié au Séminaire. L’objectif de Christophe et Adrien : arriver à lui faire dire qu’il a reçu un petit « perdiem » (un peu de flooze quoi) pour avoir bien voulu assister à la réunion bidon. Lui qui à peine revenu de cette conférence file sécher du poisson à Missira pour toute la nuit a en effet bien d’autres chats à fouetter que des problématiques écotouristiques… On en vient donc à payer les villageois pour leur participation à ces réunions, histoire de chanter un petit air de « démocratie participative » aux très altruistes et motivées ONG.
Mais je caricature…, et ce n’est certainement pas en deux jours qu’on peut comprendre tout ce qui se joue là-bas mais tout ça pour vous dire que je suis impatient de voir ce documentaire qui devrait tourner en festival en France en 2010 et être diffusé sur TV5 Monde et RFO également en 2010, et s’ils en sont à leur sixième mois de tournage après toute une année de repérage et deux bons semestres d’écriture, c’est bien que la situation est complexe ! Donc, ne caricaturons pas… Sur le site de "Troisième porte", vous pouvez voir un « teaser » du documentaire, comme on dit dans le jargon.
Très intéressant aussi de discuter avec Adrien et Christophe sur la manière dont évolue leur travail au fil des mois ; comment ils s’interdisent moins qu’avant le recours à une certaine « mise en scène », alors qu’ils la refusaient absolument au début –mais elle semble possible maintenant, et c’est sans doute parce qu’ils ont beaucoup de respect pour ceux qu’ils filment et ils ont obtenu la confiance des villageois et ils ne filment plus des découvertes mais des choses qu’ils connaissent bien désormais, des choses qu’ils ont beaucoup pratiquées et encore une fois leur connaissance du mandingue est ahurissante. Chapeau bas ! Vivement le film !

Enfin, dans un autre style, la chaîne M6 a proposé la semaine dernière une « enquête exclusive » modestement intitulée « Confrérie Mouride. La multinationale des vendeurs à la sauvette ». Du grand reportage ma foi. Les sénégalais qui vendent des tours Eiffel en plastique au Trocadéro sont donc les dangereux disciples d’un groupuscule sectaire ultrapuissant : les vilains Mourides. M6 s’attache à montrer le scandale que représente leur système d’entraide et communautaire. Le scandale qu’il y a à organiser une quête après la prière. Bref, si M6 avait eu comme objectif de cultiver la peur et l’ignorance, elle ne s’y serait pas prise autrement. Raccourcis faciles, traductions orientées (comme le Dieuredief Serine Touba qui devient « Gloire à notre prophète… »), images-choc souvent sorties de tout contexte, recours à la caméra cachée, bref du grand M6 (on a regardé cette émission sur Daily Motion : http://tak.00221.info/M6-vendeurs-mourides ) Bien sûr que le statut de la ville de Touba est ambigu, que le lien entre les grands marabouts et le pouvoir est très obscur, que leur influence sur la vie politique et la vie des gens est énorme, mais on pourrait espérer de la part de gens qui se disent journalistes, davantage d’objectivité, un désir de plus comprendre avant que de juger… D’autant que tout ce que M6 n’arrive pas à montrer en image, c’est la voix off qui s’en charge…

Pour finir, il n’y a pas de photos de notre merveilleux week-end en brousse parce qu'on avait oublié de recharger l’appareil photo. On espère que vous allez tous bien et que nous vous manquons parce que vous, vous nous manquez ! A bientôt !