Semaine mouvementée à Toubab Land

Salut, salut,

Après ce titre accrocheur, vous vous demandez bien ce qui a pu nous arriver... Ce fût une semaine très mouvementée pour moi à savoir que mercredi le comité de gestion de l'école m'a annoncé qu'il reprenait en charge la gestion des activités de l'après-midi. Et oui, après avoir tout mis en place, eu une certaine reconnaissance et essuyé les pots cassés pendant un an, certaines activités avaient bien redémarré en septembre et depuis début janvier, j'embauchais 3 intervenants. Et voilà que je me retrouve simple intervenante. Lors de la réunion, on a appris que désormais il n'y aurait plus d'aide aux devoirs (certains parents, dont je n'ai sans doute pas les enfants, trouvent cela inutile), que ce serait de 16h à 18h (au lieu de 15h-17h30) et que le tarif serait le même pour tout le monde à savoir 2 500 F cfa (de mon côté j'avais des tarifs préférentiels, 2 000 pour ceux qui s'inscrivaient au mois au trimestre et 1 500 pour les maternelles) et que tout cela prenait effet lundi, je ne vous raconte pas le tolé général auprès des parents dont je suivais les enfants ! En tout cas, j'ai été très soutenue par les parents et ça, ça fait bien plaisir, de savoir que mon travail à jusque là été reconnu.

Aujourd'hui j'ai tout de même réussi à garder l'aide aux devoirs pour les enfants qui suivent mes ateliers (théâtre, cuisine et art plastique), par contre, j'ai décidé d'arrêter les maternelles, on était deux, mais je le faisais car j'étais responsable des ateliers, maintenant c'est fini. Une maman d'une moyenne section, qui était révoltée que l'on puisse tout changer comme ça du jour au lendemain, m'a dit : "Mais moi ma fille, elle voulait venir parce que c'était vous." C'est vrai que ça passe bien avec les gamins et que je les connais tous individuellement. Ce que le comité ne comprend pas, c'est qu'il y avait un rapport humain et que ce n'était pas de la pure consommation. Ce qui m'a beaucoup choqué lors de la réunion, c'est un de leurs arguments : "plus vous ferez d'ateliers, plus vous gagnerez", ça ne vous rappelle pas quelque chose ?... car, maintenant tout "fonctionnera" par un système de tickets donnant droit à une activité pour les enfants, un défraiement pour l'intervenant et bien sûr, une part pour le comité. Mais si c'est pour le bien-être des enfants et que cela leur apporte de nouvelles infrastructures, pourquoi pas, je demande juste à voir...

Petite anecdote, tout se chamboulement démarre lundi, on n'a pas de planning et les trois-quarts des parents ne sont pas au courant ! Seuls ceux à qui j'ai remboursé les inscriptions qui allaient jusqu'aux vacances le sont car il est évident qu'à partir de lundi, le comité de gestion (qui veut tout gérer) se démerde ! Et je ne serai pas là pour m'occuper des enfants qui ne sauront pas et qui seront largués par leurs parents à 15h ! Mais, je ne m'inquiète pas trop car ici les nouvelles vont très vites et sont vites déformées... Le monde merveilleux n'est pas encore ici !

Donc, ils nous restent encore cinq mois à tenir dans cette ambiance d'exploiteurs coloniaux !

Sur ce, Mathieu n'a plus de voix mais il vous fait des bisous, et moi aussi ! Et j'adore cette photo !

Bonjour les amis,

et voilà le petit dimanche qui s'achève. Cette semaine, Philippe et son amie Anne, de passage au Sénégal, sont passés par ici. Ils ont logé chez Jules parce que l'autre lit n'est plus là dans notre chambre. Le lendemain, ils sont allés à N'Dangan et Adama à qui on les avait recommandés les a reçus comme des princes. Ils sont revenus ici vendredi, du coup on est allés ensemble chez Janine parce que ça faisait très longtemps qu'on l'avait vue et forcément nous sommes allés dîner au restaurant. Samedi, Toubab Dialaow était notre lieu de balade, c'est un charmant gros village de pêcheurs avec en même temps des falaises et une jolie mer bien tonique. Des enfants jouaient dans la mer avec de gros sacs de riz remplis de quelque chose de flottant et ça faisait plein de bouées qui ressemblent à celles en plastique qui ont des tête de dragons à la plage de la Mine l'été à Jard-sur-Mer ; et puis nous les avons laissés là-bas, on a vu nos amis Baye Fall samedi soir et aujourd'hui Philippe et Anne sont à Saint-Louis. Je ne connais aucune chanson en entier (paroles par coeur je veux dire), c'est un peu grave et en plus je chante faux. Un coq passait dans le sable. C'était l'heure des parties de foot avec les poteaux-parpaings. Les chèvres bien sûr mangent du papier. Les enfants lancent un toubab! amical, c'était jour de baptème chez le fils du chef de village, un énorme drapeau vendéen devant une case (bizarre comme cadeau), le petit policier du dimanche et la grasse matinée, le reste des spaghettis avec des bouts de lotte et RFI qui parle de Haïti, de la CAN, encore de la CAN et du Nigéria. Pour finir, on a regardé Pirate des Caraïbes 3 et j'ai rien compris. Quand tu regardes Pirate des Caraïbes 3, tu sais plus où sont les gentils et où sont les méchants. C'est très déstabilisant. Il faut être très concentré. Et aussi, il ne faut pas toujours faire des concessions dans la vie si ça se trouve. Pas non plus trop se tracasser et aussi ce qui est bien c'est d'être présent, aux aguets et totally open à la life. C'est ce que les gens sensés appellent la positivité de la [laïfe]. Au revoir les amis ! N'oubliez pas ! C'est bientôt la Saint-Valentin !

eih !

Bonjour Clémentine !

Bon Anniversaire !

Bonjour, un petit mot en passant, le ciel est bleu, il y a une petite brise et je suis fatigué. Amandine lit un polar. C'est vendredi. A l'école, c'est un peu chiant et un peu bien aussi des fois. L'autre jour, Adama (qui a un nouveau camion) est venu manger et il nous a raconté comment il a bien failli y passer pendant les vacances de Noël, comment il a fait un méchant palu et il est resté 10 jours dans une clinique privée de Kaolack, on lui a même confisqué son portable tellement il n'arrêtait pas de sonner alors que lui devait se reposer profondément ; quand il est sorti de l'hôpital, il avait 73 messages. M'batiou le cheval est mort. Adama y a vu une série de signes, sa maladie et la mort de M'batiou. Tout va mieux maintenant. La poilade quand il nous a raconté, tout heureux de son coup, comment il fumait en cachette sur son lit d'hôpital, il envoyait le gardien lui acheter une dizaine de Marlboro, pas un paquet entier pour qu'il reste de la place pour faire tomber les cendres, et le paquet il le cachait sous son matelas. Quand la dame venait faire la chambre et qu'elle s'apprêtait à dépoussiérer sous le matelas il disait "non, non, là c'est pas la peine ! Oui oui, je disais : non, là c'est pas la peine!" Mort de rire (pour pas dire mdr) à l'imaginer cacher sa petite magouille comme un collégien qui fume dans les toilettes. Grand Saï Saï. Quand il est sorti de l'hosto il a donné 2000 Fcfa au gardien pour les services rendus. Le gardien lui a dit: "Non, c'est pas grave, la prochaine fois..." Mais Adama l'a houspillé : "Comment ça la prochaine fois, il n'y aura pas de prochaine fois ! Non mais ça va pas ! La prochaine fois ! " Et il lui a donné les 2000cfa.

Moi, j'ai eu une angine blanche, c'est un peu chiant aussi mais moins qu'un méchant palu. A l'école, c'est un peu chiant aussi. Saly c'est chiant aussi. Tout est chiant en fait. Non non, ça va, c'est juste qu'on a révisé le son "ch" cette semaine, je fais un exercice d'application. Bientôt, des belles photos, restez connectés. Allez t'chousse ! Gros bisous et surtout gardez la forme et le M'begué, m'begué boté.

Bonne année Dakar

Dakar ;

Une rue qui donne accès à l’espace Thyally était bouchée par des camions ; comme ça, les voitures passent pas et peut-être qu’ils se décideront à goudronner, pensent les gens. On a bien dormi. Simon, un américain reporter pour un magazine musical, revient du Fouta où il a fait un reportage sur le Balak, un allemand s’est fait taxé 25 000 F pour aller de l’aéroport à l’espace Tyally et Pépé est toujours aussi sympa. Il est impatient de revoir les P’tites Laines en avril (nous aussi). Ce qui est bien avec l’espace Thyally c’est qu’on y croise sans doute ce qui se fait de mieux en matière d’initiative Toubab au Sénégal. C’est toujours des gens sympas.

On est passé par un raccourci pour rejoindre Rufisque le lendemain. Sur le mur, d’une mosquée il y avait le logo de Total. Le taximan a pris une petite ornière de 5m de longueur pour doubler par la droite un camion citerne. Quartier Thiaroye, le marché des pièces détachées, à ciel ouvert des portières, des moteurs, des rétroviseurs, des vieilles carcasses désossées. Puis, jaillissant d’un tuyau, de l’eau, de l’eau et encore de l’eau ! 4 mois après la saison des pluies, les maisons construites sur le fond d’un lac n’en finissent pas de recracher de l’eau… Une pancarte annonce « Pape N’Diaye, grand guérisseur, hémorroïdes, diabète, infertilité ». L’usine de ciment de Rufisque a toujours une aussi belle vue sur la mer, tandis qu’un marchand de babioles est installé plusieurs kilomètres plus loin, au milieu de nulle part, mais sans doute pas pour longtemps car le nouvel aéroport se construit, se construit… Et puis voilà M’bour. Après une soirée à penser à cette nouvelle année, à faire des projets qui ne se réaliseront sans doute qu’au quart, au dixième de quart –et puis merde! comme dit Jack Taylor, et oui autant lire les aventures d'un super irish détective écorché de la vie: Jack Taylor.

Sutton but une grande gorgée de bière. La mousse laissa une moustache blanche. Il demanda:

-Tu crois qu'il aime les tableaux?

-Oh oui!

-Laisse-moi faire.

-Génial.

-Tu veux bouffer un morceau ou juste te biturer?

-J'aime mieux me biturer.

-Barman!