mercredi 27 mai 2009

Bienvenue sur Terre ! Bon anniversaire !







A Dakar le week-end qui est passé. Tout a commencé par un concerto chorale du choeur de Dakar, c'est la secrétaire du collège qui nous y avait invités pour voir des beaux négrospirituals et des chants religieux assez jolis mais un peu spécial l'ambiance Liban Catho... Enfin ça change des imams, c'est toujours ça. D'ailleurs, très bizarre d'entendre les cloches sonner, comme un parfum de France à Dakar Plateau tout à coup. La France encore avec les films projetés au CCF samedi soir, une sélection de courts métrages primés par les cahiers du cinéma, plutôt ratée la sélection mise à part ce film sur Hiroshima tout en photos. On s'est fait aussi un musée d'art contemporain africain l'après-midi et on a mangé chinois dans un restaurant asiatique. On a aussi mangé des pâtisseries françaises et j'ai bu une Desperado. On a acheté deux livres à la librairie. On a regardé la télé chez les gens où on logeait au quartier HLM, sur TV5 Monde l'émission Pékin Express qui est un jeu de télé réalité où les gens sont par deux et doivent aller d'un endroit en Chine à un autre endroit en Chine ou en Inde, sans argent, juste en gueulant sur les chinois qui ne les comprennent pas, comme si eux comprenaient le chinois ! Et oui, voilà bien des français à l'étranger !

Mais, comme on n'a pas la télé ni le cinéma, ni de bierre mexicaine, ni de pâtisserie, on a été bien contents de tout ça.

Or, nous terminerons par des messages codés : si demain c'est ton anniversaire, tu deviens une trentenaire, et tu reçois plein de bisous et de pensées de toutes les couleurs ! Gros bisous !
Et les yeux qui s'ouvrent sur le monde sont encore plus beaux que la première page d'un bon livre !

lundi 18 mai 2009








Hum, des mangues flambées au rhum !

Bonjour,

Quelques petits mots sur des toubabs qui font des choses pas mal dans le coin (et oui, ça existe !) Tout d'abord, à toute princesse, tout honneur, Janine qui après la réussite de sa journée Talibés le 20 avril a lancé son blog qui se veut une plate-forme des différentes initiatives qui sont lancées pour combattre le phénomène photocopie. Pour l'instant, le blog est en cours de construction mais n'hésitez pas à aller le visiter, à laisser des commentaires, des infos, afin de la motiver (sa stagiaire est partie). Son blog est http://talibes.blog4ever.com/


Ensuite, il y a l'espace Sobo Badié à Touba Dialaow. Mise à part que Touba Dialaow est un petit village très très magnifique et paisible, l'espace sodo badié est un espace, comme son nom l'indique, qui propose régulièrement divers spectacles, des stages de toutes sortes d'arts vivants et aussi des chambres dans une endroit super. C'est un franco-haïtien autodidacte qui a monté ça et l'architecture des lieux est digne d'une maison Gaudi, si vous voyez ce que je veux dire dans le style maison aux formes arrondies etc.


Enfin, il y a un toubab qui a une ferme exotique avec des perroquets (aras, gris de Gabon, cacatoés avec crête d'Australie) et tous les zozios du Sénégal (chauve-souris, marabouts, un pélican) dans un endroit super, une sorte d'élevage-zoo, plutôt une réussite pour ce passionné de perroquets. ça se trouve à N'Gaparou et dommage qu'on n'ait pas connus ça avant que vous "viendiez" nous rendre visite les amis car c'est un endroit plutôt chouette. (sans jeu de mot)
(ce lien est nul vous pouvez vous en passer)


Et puis, il y a Amandine, qui compile actuellement le métier de bibliothécaire, d'ateliers parascolaires et d'Atsem. Elle était en stage à Dakar la semaine dernière, pour le logiciel BCDI de gestion de bouquins sur un ordinateur.


Et puis, il a commencé à pleuvoir. Hier c'était 2 gouttes, aujourd'hui 3, mais l'effet sur le thermomètre est immédiat: 2 gouttes = + 5°. 3 gouttes = + 15°. Continuez, et montrez que cette suite est peut-être proportionnelle.

mercredi 13 mai 2009

Un envoi de la collègue qui nous envoie quasiment 10 chaînes par jour. Celle-ci n'est mal !

vendredi 8 mai 2009

"Derrière la porte"


Cette semaine la compagnie Tour de Cirque est passée à l'école. Habituée des spectacles intinérants (déjà à leur actif : l'Inde, la Colombie, la Tunisie...), cette compagnie française (de la Drôme) est en train de parcourir l'Afrique, du Maroc jusqu'à l'Afrique du Sud, en neuf mois, par l'Ouest. Marion et Farid sont partis en famille avec leurs deux enfants, Shemsi et Maëlla. Le spectacle s'appelle "Derrière la porte". C'est un spectacle de magie et de jonglage. Ils ont aussi conduit des ateliers de voltige et de jonglage avec les élèves. Voici leur blog pour suivre leurs aventures :





Latcho Drom !

samedi 2 mai 2009

Jeudi -

Il était l’heure d’aller à l’école pour une séance de hand-ball, une leçon sur les châteaux-forts, des exercices de maths, de la poterie et la lecture du journal intime de Papelucho, un petit garçon chilien qui raconte ses vacances mouvementées à Vina del Mar. Il était l’heure de l’école mais nous avons croisé la peur d’un petit enfant de 6 ou 7 ans juste devant chez nous. Il devait avoir passé la nuit sur la plage, il avait froid, faim, il était faible et terrorisé ; il est passé devant nous avec une lenteur maladive, il n’allait nulle part, il était perdu. Nous avons fait demi-tour. Nous l’avons retrouvé dans la boutique de S, nous avons demandé à S quoi faire de cet enfant ; il répondait à peine aux questions de S, il ne savait pas ou ne voulait pas dire où était la maison de son marabout, il était sous-alimenté, il avait la tête amochée, il était pieds nus et il était vêtu de haillons. S nous a indiqué la maison de T. T est une dame qui s’occupe parfois, à la faveur de sa retraite, des petits talibés. Nous avons emmené l’enfant chez elle ; elle l’a accueilli, elle lui a préparé un petit déjeuner –lait chaud, biscotte, grenadine –pendant que nous étions en route pour rejoindre l’école et ce jour-là j’ai été en retard pour l’ouverture de grille. Nous sommes repassés le soir. T nous a raconté.

L’enfant s’appelait Missa, ou Fiso –elle n’avait pas bien compris. Ses parents vivent dans le Fouta à près de 800 km. Il a la gale, souffre de malnutrition, subi visiblement des sévices corporelles. Il a 6 ou 7 ans. Il s’était échappé de sa « daara ».

T avait d’abord cherché à joindre le chef du village –injoignable. Elle a appelé SOS Médecin – sur répondeur. Puis elle s’est rendue à la gendarmerie.
Avec un gendarme ils ont cherché la « daara » de l’enfant toute la matinée. Ils ont tourné dans M’Bour sans la trouver. Dès qu’ils croisaient des talibés ils leurs demandaient : « Vous le connaissez ? Où dort-il ? » Ils n’ont pas rencontré d’enfant qui le connaissait.
Lorsqu’ils s’arrêtaient pour interroger, un petit attroupement se formait. Une fois, un homme bien mis, en beau boubou et bien peigné s’est approché. Il a passé ses mains sur la poitrine chétive de l’enfant, comme pour contrôler l’état de son système respiratoire, il l’a tâté dans le dos et lui a fait ouvrir la bouche pour regarder ses dents puis il a dit : « Je le prends ! 20 000 ! » T est alors rentrée dans une colère folle. Devant tout le monde elle a attrapé le marabout par les cheveux et elle lui a crié : « T’es bien peigné là, t’es bien propre, c’est bien ! T’as de l’argent pour ça, bravo ! Et regarde cet enfant ! » Et elle a montré le sexe de l’enfant couvert de pus et je crois qu’elle a éclaté en sanglots. Parce qu’on peut acheter un gosse en pleine rue, devant un gendarme, apparemment en toute impunité. T a donné au marabout tous les noms qu’il méritait et elle est repartie avec l’enfant et le gendarme.

Sur les indications d’une personne qui pensait reconnaître l’enfant, ils sont allés dans une daara derrière le poste de santé de Grand-M’Bour. Là, T a vu une trentaine d’enfants couchés à même le sol de béton, tous atteints de la gale. Devant la maison, la voiture du marabout : une Mercedes. Le marabout n’était pas là. C’était un « assistant » qui gardait les enfants ce jour-là. Apparemment ce n’était pas encore la daara du petit Missa ou Fiso.
Cette matinée s’est terminée à la gendarmerie. L’enfant y est resté. Il faut espérer qu’il sera envoyé dans la structure d’une ONG d’aide à l’enfance sur M’Bour, mais le plus probable est qu’il retourne dans sa « daara ». Le gendarme a dit à T qu’il ne fallait pas faire ça, qu’il ne fallait pas les laver, par les accueillir chez soi car le marabout peut vous poursuivre pour séquestration d’enfant !
« La prochaine fois que vous voyez un enfant en détresse comme celui-ci, vous le laissez sur la bord de la route, vous passez votre chemin, et s’il tombe quelques mètres plus loin ce sera toujours un de moins ! »
T est rentrée chez elle bouleversée. Voilà où en est le Sénégal avec les trafics d’enfants qui y ont cours, sous couvert d’éducation coranique. Mais les politiciens disent : « Le dossier est sur la table ».

Je n’ai rien romancé du récit de T. Mais face à l’impuissance de tout le monde, l’absence de vraie volonté politique de changer les choses et de faire le tri entre éducation coranique et trafics d’enfants, devant aussi l’impossibilité (du moins la grande difficulté) d’agir, comme ONG ou comme individu, et la peur qu'inspirent les marabouts de ficelle "jeteurs de sorts", je commence à être d’accord avec Janine qui dit que l’une des premières choses à faire est de faire du scandale, d’aller systématiquement porter plainte et de faire connaître le problème à un maximum de personnes. En tous cas, des histoires pareilles sont déprimantes et donnent envie de quitter ce pays.

Albert Londres, Terre d'ébène



Lu Terre d'ébène d'Albert Londres. Un voyage en AOF et AEF dans les années 20.
ça décape.

22 le revoilà

Quand on a vu le policier habituel sur la route de Nianning à la sortie de M’Bour, on a pris par les chemins parallèles à la route car ras-le-bol de laisser des backsihsh, des bakchish, etc., pour éviter la fourrière ou autre car on n’est pas immatriculé aussi faut dire qu’il faudrait peut-être le faire. Au retour, même topo, on voit le policier de loin, le même qui nous arrête tout le temps et donc on bifurque pour le contourner. On est tranquillement en train d’avancer avec difficulté dans le sable quand dans le rétroviseur on voit le policier qui s’est lancé à notre poursuite parce qu’on n’est pas passé devant lui ! Il nous dit de le suivre. Alors là je pète un scandale. Je lui dis qu’on passe par où bon nous semble, je dis même : « je passe par là où il me sied le mieux », et je me lance dans un scandale consistant à prendre à témoin les badauds et parler, parler sans interruption en se plaignant de la corruption et de l’injustice sur cette Terre. C’est une technique de Janine, et ça marche assez bien : il faut faire un scandale et se plaindre et comme ça ils nous a laissés aller.