lundi 29 septembre 2008

Nasreddine, le gardien et les témoins de Jéhova

On habite donc à Keur Maya. Pas loin de chez Jannine, du cyber, de l’école –le rêve. Il ne manque plus qu’un jeu de démineur, de bons bouquins, un baladeur MP 3 –on a. Tout en haut de l’hôtel. Tout en bas, Elie est le gardien. Il lit un dépliant des témoins de Jéhovah cette nuit-là. Il est chrétien mais il regarde les images des tigres jaunes, la forêt verte, les textes à la gloire de cette sorte de Dieu-là –typiquement le dépliant Témoins de Jéhova que j’ai feuilleté à Petit Port Faculté quand j’étais étudiant et qu’un témoin avait sonné – accompagné d’un autre témoin et juste à ce moment-là mon micro-onde aussi avait sonné parce que j’avais mis de l’eau à chauffer pour prendre un thé en regardant les canassons (j’avais vue sur l’hippodrome et je logeais à côté d’une vieille tante grognon). Le genre de truc horrible. Elie m’a demandé si j’avais pas un peu de lecture à lui prêter. Il se rendait bien compte du truc insipide de ces Néo-Jésuites ou quoi.

Je suis redescendu avec un Nasredinne. Gros tome que je lui ai présenté comme une série de petites histoires drôles. Il a buté sur le mot Idioties. Je lui ai dit l’histoire de ces parents qui désespèrent de leur drôle tant il est bête et alors ils vont voir Nasreddine pour qu’il fasse quelque chose et Nasreddinne prend des crottes de biquettes (Elie rit au mot « biquette » qu’il rapproche du mot « bique ») et il les roule dans la farine et met du sucre. Puis il fait fermer les yeux au gosse, ouvrir la bouche et mâcher. Il lui dit : « Goûte moi ça ça va te remettre la cervelle à l’endroit ». Le gosse goûte, crache et s’écrie : « Mais c’est de la merde ! » Et Nasreddine aux parents : « Vous voyez qu’il ne faut pas désespérer, il a encore un peu d’esprit ! » Nuit sereine. Elie est avec son gros tome en bas tandis que je vous raconte ça –et tout à coup la coupure de courant et tout Saly, pour plusieurs heures (c’est sûr), encore une fois se plonge dans la nuit chaude, et noire.

Au matin, je crois que mon baladeur MP3 clignote encore car je me suis endormi avec et il clignote quand il marche. Mais ce sont des éclairs sur la mer qui avancent. Toutes les trois secondes un éclair vif et un grondement dans la foulée. L’orage éclate quand je mets mon scooter sur sa béquille devant l’école. En pleine dictée : coupure de courant. Le ciel est noir, ma classe est sombre alors on n’y voit plus. On chante parce qu’il n’y a plus que ça : « Tous les animaux du monde… » (Je suis content d’avoir cet air débile toujours dans mes valises pour tous les jours de pluie, de panne de courant, etc.) Pluie violente. Saly-sur-Mer. Flaques. (Jet-scoot). Au retour, on a parlé avec Maryvonne. C’est la sénégauloise mariée avec David et ils gèrent Keur Maya. La France est à la fois toute proche et assez loin. Puis, avec Elie –le gardien. Il est de Kédougou. Sa femme habite à quelques mètres. Il n’a pas de jour de repos. Leur fils est resté au pays Bassari. Il a 10 ans, entre en CP, il n’a pas voulu venir là. Il a dit : « Je reste où j’ai planté du maïs. » C’est les parents d’Elie qui l’élèvent. Elie faisait du thé –l’un des premiers pour nous. Avec le Ramadan ils ne font pas de thé ; heureusement que leur jeûne débile se finit cette semaine : on aura un jour de repos (on sait pas quand, ça dépend de la lune) ; on boira plus de thé (Inch’Allah). Grillons et thé ; devant la porte face à la porte d’en face. Elie me demande comment on fait du thé en France. Je lui explique le coup du micro-onde. On a mangé du chocolat et du Nutella –un vendredi soir sur la Terre ça me rappelle une chanson. Mais j’ai pas de Cabrel sur mon baladeur, j’ai du Manu Chao, La Mano (pas beaucoup), Mogwaï, Murat, Eyes Wide Shot, etc
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