lundi 1 mars 2010

Bonjour les amis,

C’est l’heure de la chronique littéraire.

Le génocide voilé, par Tidiane N’Diaye, est une enquête historique qui montre les horreurs et l’ampleur de la traite de toutes les populations d’Afrique par les arabes, du 7° siècle à aujourd’hui ! Ou comment faire pire encore que la traite transatlantique. Ce livre a le mérite d’être écrit par un africain, musulman de surcroît, donc pas de parti pris, mais une certaine rancune pointe aux détours des histoires.
  
'Les Arabes ont razzié l'Afrique subsaharienne pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d'hommes qu'ils ont déportés ont presque tous disparu du fait des traitements inhumains. Cette douloureuse page de l'histoire des peuples noirs n'est apparemment pas définitivement refermée. La traite négrière a commencé lorsque l'émir et général arabe Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais un 'Bakht' (accord), conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines d'esclaves. La majorité de ces hommes était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d'une énorme ponction humaine qui devait s'arrêter officiellement au début du XXe siècle.'


Et maintenant, un autre livre : trouvé par hasard à Dakar l’autre jour, le petit journal / essai / récit / réflexion… d’un dénommé Felwine Sarr, Dahij (Jihad à l’envers). Ce Sénégalais Sérère vit en France et il y a plein de très bons moments sur sa vie en France, ses retours au Sénégal, les tentatives pour se libérer du poids des regards, des traditions... La quatrième, un petit peu prétentieuse mais le livre ne l'est pas du tout par contre :

"Ce livre est un jihad. Une guerre intérieure. Un jihad pour sortir de moi-même, de ma race, de mon sexe, de ma religion, de mes déterminations. Un jihad pour aller vers moi-même. C'est un désir de naissance, donc de mort. Exister par ma volonté de vie, comme Ptah l'émergent. Ce livre, c'est le mot qui déborde. Celui que je ne contiens plus. Celui que n'étouffent pas mes préoccupations quotidiennes. Ce mot qui résiste au trajet du tram, à la journée de travail, à la prose quotidienne, aux vicissitudes quotidiennes. Écrire comme par débordement, comme par excès. Ce mot qui survit. Ce mot qui résiste à l'assignation au temps social, à la confiscation du présent, à la dilapidation du temps, à la résignation, à la fatigue, à l'abdication, à la mort lente. Ces mots rescapés qui se tiennent la main pour résister à la prochaine bourrasque. Ce livre est une promesse tenue. Une potentialité qui finit par advenir. Un postmaturé, un tard né. Ce livre, ce n'est pas Zugafar, l'épée à deux têtes d'Ali qui tranche les têtes des infidèles à la bataille de Badr. Ce n'est pas non plus une confession, car il n'y a rien à avouer. C'est un combat spirituel. Pas celui que mènent les anachorètes ni les ascètes. Il ne vise pas à libérer l'âme du corps, l'esprit de la chair. Il est tentative de " posséder la vérité dans une âme et un corps ". Ce livre est une kalachnikov. L'arme du désir de liberté. Celle qui envoie des rafales contre le tank social. Contre ses chenilles qui aplatissent, nivellent et asservissent les corps et les esprits ".

Bara, qui lisait cela, m’a fait remarqué que les termes « combat » et « spirituel » ne vont pas ensemble. Si tu es déjà dans le spirit, m’a-t-il dit, c’est que tu es en paix. Il a raison.

Aucun commentaire: