vendredi 29 janvier 2010

Semaine mouvementée à Toubab Land

Salut, salut,

Après ce titre accrocheur, vous vous demandez bien ce qui a pu nous arriver... Ce fût une semaine très mouvementée pour moi à savoir que mercredi le comité de gestion de l'école m'a annoncé qu'il reprenait en charge la gestion des activités de l'après-midi. Et oui, après avoir tout mis en place, eu une certaine reconnaissance et essuyé les pots cassés pendant un an, certaines activités avaient bien redémarré en septembre et depuis début janvier, j'embauchais 3 intervenants. Et voilà que je me retrouve simple intervenante. Lors de la réunion, on a appris que désormais il n'y aurait plus d'aide aux devoirs (certains parents, dont je n'ai sans doute pas les enfants, trouvent cela inutile), que ce serait de 16h à 18h (au lieu de 15h-17h30) et que le tarif serait le même pour tout le monde à savoir 2 500 F cfa (de mon côté j'avais des tarifs préférentiels, 2 000 pour ceux qui s'inscrivaient au mois au trimestre et 1 500 pour les maternelles) et que tout cela prenait effet lundi, je ne vous raconte pas le tolé général auprès des parents dont je suivais les enfants ! En tout cas, j'ai été très soutenue par les parents et ça, ça fait bien plaisir, de savoir que mon travail à jusque là été reconnu.

Aujourd'hui j'ai tout de même réussi à garder l'aide aux devoirs pour les enfants qui suivent mes ateliers (théâtre, cuisine et art plastique), par contre, j'ai décidé d'arrêter les maternelles, on était deux, mais je le faisais car j'étais responsable des ateliers, maintenant c'est fini. Une maman d'une moyenne section, qui était révoltée que l'on puisse tout changer comme ça du jour au lendemain, m'a dit : "Mais moi ma fille, elle voulait venir parce que c'était vous." C'est vrai que ça passe bien avec les gamins et que je les connais tous individuellement. Ce que le comité ne comprend pas, c'est qu'il y avait un rapport humain et que ce n'était pas de la pure consommation. Ce qui m'a beaucoup choqué lors de la réunion, c'est un de leurs arguments : "plus vous ferez d'ateliers, plus vous gagnerez", ça ne vous rappelle pas quelque chose ?... car, maintenant tout "fonctionnera" par un système de tickets donnant droit à une activité pour les enfants, un défraiement pour l'intervenant et bien sûr, une part pour le comité. Mais si c'est pour le bien-être des enfants et que cela leur apporte de nouvelles infrastructures, pourquoi pas, je demande juste à voir...

Petite anecdote, tout se chamboulement démarre lundi, on n'a pas de planning et les trois-quarts des parents ne sont pas au courant ! Seuls ceux à qui j'ai remboursé les inscriptions qui allaient jusqu'aux vacances le sont car il est évident qu'à partir de lundi, le comité de gestion (qui veut tout gérer) se démerde ! Et je ne serai pas là pour m'occuper des enfants qui ne sauront pas et qui seront largués par leurs parents à 15h ! Mais, je ne m'inquiète pas trop car ici les nouvelles vont très vites et sont vites déformées... Le monde merveilleux n'est pas encore ici !

Donc, ils nous restent encore cinq mois à tenir dans cette ambiance d'exploiteurs coloniaux !

Sur ce, Mathieu n'a plus de voix mais il vous fait des bisous, et moi aussi ! Et j'adore cette photo !

1 commentaire:

Père Thierry a dit…

Ce qu'il y a de formidable ou de désespérant, c'est selon, c'est que les mêmes travers se reproduisent à l'infini là où un micro pouvoir est en jeu.

Le comité de gestion de l'école Prévert à Sally, le conseil d'administration à Rennes 1. Kif kif bourricot, même combat...

Amandine, on vient exactement de me faire le même coup pendable. Sous prétexte de la loi dite d'autonomie des universités (LRU), on ressert les budgets universitaires et on fait tout sauf bien sûr d'autonomiser les filières et leur enseignement auprès des étudiants.

Depuis septembre, je me bats pour une reconnaissance de mon statut à la fac et, au passage, pour être payé dans des délais raisonnables. On ne vit pas seulement d'amour et d'eau fraîche en Sarkozie, ça c'est un fait.

Alors, on rogne, on chipote, on remet en cause le rôle d'enseignement certes, mais aussi de relations humaines, tout ce qui permet la construction professionnelle et personnelle de nos chères têtes blondes (qu'elles aient 5 ans au Sénégal ou 20 ans en France). Une mission qui, bien entendu, n'a pas grand-chose à voir avec le productivisme affiché par cette droite décomplexée qui fait des ravages où qu'elle s'installe.

Cette droite privilégiée, expatriée ou non, qui, il ne faut pas l'oublier, s'enrichit surtout grâce aux subsides de l'Etat français...

De quoi désespérer ou se remobiliser, c'est selon...

Alors, oui, il te reste encore cinq mois à tirer à 6 000 bornes de là, mais prépare-toi au retour, car "Ici, c'est là-bas pour d'autres".

Va y avoir du sport, comme dirait l'autre !

des bises à vous deux.
Eh oui, c'est vrai qu'elle est "so cheap" cette photo ;-)

Père Thierry (ou plutôt Père Ubu au vu de la situation)